La Technologie de l’Assemblage par Collage
Rescoll’Blog / 7 septembre 2009Loin de l’image, encore tenace, d’une activité artistique ou de loisir, le collage est une technique industrielle très largement appliquée pour assembler tous les types de matériaux. De multiples secteurs d’activité l’utilisent, aussi bien traditionnels (vêtement, chaussure ameublement) que plus modernes (tous les types de transport, y compris l’aéronautique) ou de haute technologie (microélectronique, nucléaire, espace). D’importance souvent stratégique pour les entreprises, le collage se distingue d’autres modes d’assemblage par l’impossibilité de contrôler sa bonne réalisation (difficile de détruire un « booster » d’ARIANE V avant un tir pour contrôler jusqu’où peut aller sa résistance mécanique !). Il entre dans la catégorie des « procédés spéciaux », qui doivent être réussis à coup sûr et de manière parfaitement fiable. Autant dire que sa réalisation ne devrait être confiée qu’à des spécialistes à la compétence assurée.
Mais cette évidence se heurte à une réalité totalement opposée. A quelques rares exceptions près, il n’existe pas – notamment en Europe – de filière de formation de tels spécialistes : de fait, le métier de « colleur » n’existe pas. Les raisons tiennent à la diversité et au niveau souvent élevé des connaissances scientifiques nécessaires à la maîtrise des phénomènes physiques et chimiques impliqués : conception, modélisation, adhésion, polymères, rhéologie, mécanique visco-élastique, analyse et contrôle, etc. Elles tiennent aussi, sur le terrain, à la « nouveauté » (et l’évolution rapide) du collage industriel : il y a très peu de personnels dans les entreprises porteurs de compétences bien assurées, qu’ils pourraient transmettre. Et quand ces « formateurs maison » existent, le problème est la spécificité de leurs acquis (le collage des chaussures n’a pas de rapport avec celui des pare-brise !) qui limite les possibilités d’apprentissage à des opérations ou pratiques particulières.
On se trouve dans la situation paradoxale d’une absence de réponse à un besoin clairement identifié, qui peut expliquer que le collage industriel ne soit pas encore adopté dans des entreprises qui perdent ainsi beaucoup d’opportunités d’avancées technologiques. Les mutations se font à un rythme souvent insuffisant, mais elles sont en train de connaître une accélération décisive. De plus en plus de grandes sociétés demandent que le métier de colleur soit codifié, chez elles et chez leurs sous-traitants : à l’initiative des donneurs d’ordre du secteur ferroviaire et de compagnies en charge de l’assurance de réalisations industrielles (parcs d’éoliennes par exemple), une norme DIN D-6701 (appelée à devenir prochainement ISO ou EN) définit d’ores et déjà, les bonnes pratiques du collage aux trois niveaux : opérateurs, techniciens et ingénieurs. Par ailleurs, l’organisme de référence international EWF (« European Federation for Welding, Joining and Cutting ») a établi un protocole de qualification internationale des colleurs (sur la base du référentiel D-6701) : une fois certifiées, leurs compétences sont reconnues dans tous les pays et dans tous les secteurs industriels.
Reste maintenant à trouver des structures capables d’accompagner les entreprises dans leurs mutations technologiques vers le collage, la mise en conformité de leurs pratiques avec les normes retenues, la préparation des audits auxquels elles seront soumises et la formation de leurs personnels, jusqu’à leur certification officielle. Jusqu’ici, seul le département « Techniques de collage et surfaces » de « l’Institut Fraunhofer de recherche appliquée sur les matériaux » (Fraunhofer IFAM de Bremen – Allemagne) proposait cet accompagnement. Forte d’une expérience de près de 20 ans et de succès avérés – au bénéfice de multiples partenaires – la Société RESCOLL a décidé de relever aussi le défi : dès septembre 2009, elle met « l’Institut du Collage » à la disposition du tissu industriel : grands Groupes comme PME.
Les pages qui suivent éclaireront les partenaires de RESCOLL sur les compétences de sa trentaine d’ingénieurs, docteurs, techniciens spécialisés et sur l’aide qu’ils peuvent apporter dans la résolution de problèmes industriels (formulation et mise en œuvre d’adhésifs, éco conception d’assemblages, traitements de surface, définition de procédés, analyse, contrôles, etc.) aussi bien qu’en matière d’innovation ou de développement « tolérable ». Elles renseigneront aussi sur la formation, domaine dans lequel l’Institut se devait d’offrir l’opportunité de proposer aux personnels en charge des opérations de collage des formations et des certifications reconnues au niveau international. RESCOLL a donc présenté ses compétences (et son expérience) dans ce domaine à l’EWF et posé sa candidature pour devenir « centre formateur en collage suivant le référentiel D-6701 », à l’intention – dans un premier temps – des opérateurs et techniciens : les audits ont été concluants et l’Institut du Collage est aujourd’hui l’un des deux opérateurs européens habilités à réaliser des formations qualifiantes.
Professeur Jean-Jacques VILLENAVE